TRIBOULET : fou du roi René d’Anjou

Triboulet fou du roi René d'Anjou

Triboulet, bouffon du roi René d'Anjou

Triboulet fut le bouffon du roi René d’Anjou.
Il naquit dans les années 1420, et survécut de peu à son souverain, mort en juillet 1480.

Sa physionomie de nain microcéphale le destinait au plutôt au théâtre burlesque.
René d’Anjou, qui le tenait en estime, le récompensa de ses mérites en l’habillant comme un roi, en le mariant avec le plus grand faste, et en faisant graver une médaille à son effigie.
Charles d’Orléans, lui offrit une magnifique jument.
De par son statut à la Cour, sans pour autant mener grand train, Triboulet avait un valais du nom de Jacquet.

C’était un comédien prodigieux, dont la réputation lui permit de jouer son propre personnage, comme ici ou dans le Roy des Sotz.
On lui écrivit même un rôle comique dans un Mystère, le Jeu Saint Loÿs.

Parmi le nombre de ses écrits, Triboulet rédigea une pièce de théâtre, "La Farce de Maître Pierre Pathelin" (1456 -1460), célèbre texte mais dont l’auteur était jusqu'alors resté anonyme.
Cette œuvre est parfois attribuée à Guillaume Alexis, voire à François Villon.
De part les références au monde de la justice (procès, juge, avocat...) émaillant la pièce, certains avancent qu'elle aurait pu être écrite par un homme de justice.

Un chercheur canadien, Bruno Roy, a consacré 30 ans de recherche à établir que Triboulet était bien l’auteur dramatique de la Farce de maistre Pathelin.

La sottie des " Vigilles Triboullet ", qu’il composa vers 1458, le montre couché dans un cercueil.
Une enluminure tirée de son débat de Triboulet et de la Mort le représente dans cette macabre position.

Même quand il joue un mort, Triboulet ne peut s’empêcher de faire le clown pour amuser son public.
Les vigiles dont parle le titre occupent la seconde moitié de l’ouvrage ; elles parodient la messe et les matines qu’on chantait pour les défunts.

Les Vigiles Triboulet parlent du jargon composé par François Villon :

"Oncques maistre Françoys Villon
Ne composa si bon jargon."

Cela rendrait crédible l'hypothèse selon laquelle les deux auteurs se seraient rencontrés à la cour de René d'Anjou en 1457.

Le 6 janvier, on saluait la fête des Rois par des représentations de sotties.
(« [Triboulet] estoit celluy/ Qui au palais royal est sailly [a joué]/ Quant la feste des Rois estoit. »)

Le Roi des Sots exhibé sur la scène est un double du « bon roi René », qui faisait jouer chez lui beaucoup de théâtre, et qui voyait d’un œil magnanime les insolences de son bouffon.

On attribuera longtemps au monarque angevin " l’Abuzé en Court ", une satire des courtisans qui fustige comme notre pièce les rapporteurs, les flatteurs et les entremetteurs :

Trois choses sont soubz moy, la Court….
L’une est raporter par fallasse [tromperie];
L’autre, le fait de flaterie ;
L’autre (qui tout honneur efface) ;
Est l’estat de maquerèlerie.